Jean-Paul AZAÏS né en 1952 à Perpignan, est un enfant de l’Aspre en Catalogne du nord, profondément marqué par ses racines catalanes amoureux de la tradition et de la nature.
En 1971 il entame un long apprentissage de la céramique en autodidacte. Il a étudié la géologie, la biologie et après son diplôme de pharmacien il se lance en 1979 dans le métier de céramiste.
C’est un passionné, depuis plus de quarante ans, il expérimente de nombreuses techniques personnelles et améliore les gestes de son métier. Ses céramiques sont le fruit d’une longue et ardente recherche, recherche qui l’a conduit à élaborer des techniques inédites.
Ses oeuvres d’ocre et de fumée témoignent de son aspiration, de son regard et de sa propre démarche. Les couleurs naissent de ses relations avec la terre et de la cuisson au feu de bois.
Il est très connu dans le monde de la céramique contemporaine française, a été salué par de nombreux prix et expose dans les galeries et musées en France et à l’étranger.
Dans son atelier Terres d’Aspre il a revisité toute la céramique antique et créé des oeuvres aux formes simples qui célèbrent la flaque et la fumée, des pièces d’argile et de lumière mêlant tradition et modernité.
Grâce à l’étude scientifique d’une flaque d’eau boueuse, il explique le principe d’un vernis naturel d’argile proche de celui des sigillées gallo-romaines.
Il rend compte de ses nombreuses années de recherches, de découvertes et de créations dans son livre Un chemin de terre et de fumée.
“La forme de la jarre est universelle, l’assimilation de la douceur et de la pureté des profils rencontrés chez les derniers potiers espagnols m’autorisa à tendre et à affiner les bases de mes jarres. Puis, cette nouvelle pratique aboutissant à spatialiser le volume, je l’ai appliquée sur toutes mes autres pièces. Le séjour en Grèce influença la partie supérieure de mes formes. À l’image du corps humain, les épaules des jarres s’aplatirent de plus en plus et se recourbèrent harmonieusement à la manière des vases antiques aux proportions idéales d’Amasis et d’Exékias. Cette morphologie « amphorisée et chargée de méditerranéité », je n’ai cessé de l’utiliser pour développer un univers de volumes plus ou moins fermés, hésitant entre de nombreuses typologies de vases aux cols à peines suggérés, variablement enroulés, ou des aryballes cordiformes aplatis. Les Jarres se sont ensuite couvertes d’un petit bouchon, d’un couvercle convexe. Puis, après l’apparition de la forme du Triangulo, je les ai closes tout naturellement d’un petit cône surélevé.”
“La leçon de la flaque m’a mis sur la voie des vernis naturels d’argile, mais les flaques peuvent également me séduire par leur beauté. Parfois, elles deviennent un milieu de vie transitoire pour des larves d’insectes, des abreuvoirs inespérés pour les oiseaux et les petits mammifères ou des écrins pour des feuilles mortes se transformant en humus. Minuscules lacs se ridant au moindre…”
⊙ Extraits : Un chemin de terre et de fumée